Dans le monde du management, le « blurring » désigne l’effacement de la frontière entre vie professionnelle et vie privée, pour le meilleur… Ou pour le pire.

Qu’est-ce que le blurring ?

Issu du verbe anglais «to blur», signifiant «brouiller», «rendre flou», ce mot décrit un phénomène qui envahit le monde du travail. Il s’agit du fait de ne plus mettre de limites claires entre sphère professionnelle et privée.

Concrètement, c’est lorsque le boulot s’invite dans la vie de l’employé.e, même en dehors des horaires de bureau. Ce phénomène est rendu possible grâce aux smartphones et autres tablettes, qui permettent aux employé.e.s de rester sans cesse connecté.e.s à leur job. Les personnes possédant des outils technologiques professionnels sont d’ailleurs les plus touchés par le blurring.

Connexion permanente

Toujours connecté.e, toujours joignable, l’employé.e ne se coupe plus de son métier. Faut-il s’en inquiéter ? Selon une étude Ipsos, la majorité des sondés considèrent leur smartphone pro comme une source de stress, qui nuit à leur vie privée.

Mais le phénomène fonctionne aussi à l’envers. Si les travailleurs sont sollicités par leur métier pendant leurs heures de congé, ils sont aussi 62% à régler des affaires privées durant leurs heures de travail. Le blurring, c’est aussi ça !

Pour le meilleur…

A la base, le blurring devait être une opportunité, une preuve d’ouverture d’esprit de la part de l’employeur, pour rendre raison à Socrate : « La liberté consiste à travailler quand on veut, et à ne pas travailler quand on ne veut pas. ».

Moins de flicage, moins de présentéisme des salariés, et plus de travail en autonomie. Le blurring, c’était déculpabiliser les petites pauses prises pour gérer des affaires personnelles, ou ces moments où l’on glisse distraitement sur les réseaux sociaux ou des sites d’achat en ligne. Vous voulez finir de lire ce dossier plus tard, car vous devez récupérer votre enfant à la crèche ? Pas de soucis, on vous fait confiance ! Faites-le dans les transports en rentrant chez vous ! Ou même après…

… ou pour le pire

C’est là que le bât blesse : s’il n’y a plus d’emploi du temps, tout devient possible. Regarder ses 178 e-mails non lus à 3 heures du matin, être joignable depuis son transat au beau milieu du mois d’août… C’est la consécration d’un état de veille permanent, pour des salariés hyperconnectés.

Cette habitude peut vite tourner à l’addiction, simplement pour être bien vu de sa hiérarchie. Pourquoi ces réflexes ? Serait-ce la peur de rater quelque chose (ce que les anglophones appellent « FOMO » : fear of missing out), de perdre le contrôle ?

Du côté du manager, cela peut être un moyen – pas très éthique − de tester ses troupes dès qu’il s’ennuie : « mais qui donc pourra bien lire mon message en premier… ?». Le télétravail n’est bien évidemment pas là pour arranger les choses : impossible de rater cette visioconférence à 19 heures, tout le monde sera là…

La première responsable de ce phénomène ? La digitalisation de notre société. Aujourd’hui tous nos outils de travail sont souvent à portée de main (accessible sur notre smartphone). Avant cela, il aurait été davantage complexe de ramener votre bureau chez vous. Désormais, il peut vous suivre, ou vous poursuivre.

Qui est le plus concerné par le blurring ?

Cependant, nos nouveaux modes de travail ne sont pas les seuls responsables. En effet, certains profils de managers et de collaborateurs sont plus susceptibles de tomber dans ces pratiques. C’est le cas notamment des managers qui prennent la mauvaise habitude d’envoyer des messages à leurs collaborateurs à toute heure de la journée ou de la nuit, attendant une réactivité sans faille de leur part. Établir une frontière claire entre vie pro et perso peut devenir un vrai casse-tête pour les concerné.e.s.

Du côté des collaborateurs.trices, les personnalités perfectionnistes sont davantage susceptibles de se retrouver dans cette situation. L’investissement des collaborateurs peut alors avoir cet effet rebond négatif.

Le blurring et les autres maux

Peut-être n’êtes-vous pas concerné.e par le blurring mais d’avantage par le surmenage professionnel, communément appelé burnout. Ou vous ressentez une perte de sens dans votre activité et êtes plutôt touché.e par ce que l’on nomme le « brown-out« . Si vous vous sentez sous-occupé.e et que vous ressentez de l’ennui, vous serez intéressé.e par l’article concernant le « bore-out« .

Dans tous les cas, je vous recommande d’en parler à votre supérieur.e, un.e contact RH, votre coach ou toute autre personne de confiance pour vous soutenir dans la recherche de solutions.